Par Hosham Dawod, anthropologue au CNRS (LE MONDE, 11/07/11):
Pendant que les révoltes sapent les bases des régimes autoritaires arabes, la situation sécuritaire de l’Irak se détériore. Des centaines de morts parmi les forces de sécurité et les civils et un nombre élevé parmi les soldats américains tel que ne l’avions pas constaté depuis 2008. Les dissensions politiques interirakiennes, avec leurs ramifications dans la région, y sont pour beaucoup. Presqu’un an et demi après les élections législatives, et après de longs mois de tractations, le gouvernement reste incomplet. Des ministères importants lui font toujours défaut, la défense, l’intérieur et la sécurité nationale.
On observe aussi une montée de la contestation sociale et civile, menée par des jeunes dans les grandes villes. Leurs revendications sont aussi claires qu’impossibles à satisfaire: ils réclament de l’électricité, des services de première nécessité, de la sécurité, la fin de la corruption et une meilleure répartition de la richesse et du pouvoir. Malgré le petit nombre des manifestants et leur segmentation dans la société, le premier ministre, poussé par la peur, a choisi la coercition plutôt que le dialogue. Ces manifestations qui se répètent depuis quelques mois ont terni un peu plus la réputation du gouvernement.
Changement de stratégie
Malgré tous ces conflits et contradictions, le premier ministre Nouri Al-Maliki reste incontournable. Il bénéficie toujours de l’appui de l’Iran en tant que leader de la première force politique chiite irakienne. Pour Téhéran, il est essentiel que les chiites gardent le pouvoir en Irak, particulièrement au vu de ce qui se passe en Syrie. Nouri Al-Maliki bénéficie aussi d’un appui raisonné des Américains. Ces derniers sont inquiets de la suite que le gouvernement donnera à la présence de leurs troupes dans le pays après le 31 décembre, date du retrait des soldats américains d’Irak. Manifestement, nous assistons à un changement de la stratégie américaine défendue par le président Barack Obama depuis trois ans.
Au lieu d’un retrait total d’Irak, Washington fait tout pour y rester. Les révoltes arabes sont passées par là, mais aussi la précarité de la situation irakienne. L’administration américaine presse de plus en plus Bagdad de lui formuler dans les semaines à venir une demande officielle afin qu’une dizaine de milliers de soldats américains continuent de stationner en Irak. A cela, il faut ajouter les 17 000 Américains, civils et paramilitaires, dont l’ambassade réclame le maintien. James Jeffrey, ambassadeur des Etats-Unis en Irak, a présenté il y a quelques jours au Sénat américain le budget qu’il sollicite pour l’année 2012 de son ambassade, la plus grande au monde, 6,5 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros). Obéissant à des calculs géostratégiques et économiques, les Américains oublient en Irak la crise économique qui frappe leur pays.
Fuente: Bitácora Almendrón. Tribuna Libre © Miguel Moliné Escalona
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