Par Douglas Alexander, secrétaire d’Etat britannique au développement international (LIBERATION, 01/04/09):
Au cours de la décennie écoulée, des progrès considérables ont été réalisés en termes de développement, entraînant de réels avantages pour des millions d’individus parmi les plus pauvres de la planète. Mais ces avancées risquent d’être remises en cause, au moins partiellement, en raison de la menace que fait peser sur elles la crise économique mondiale la plus grave depuis plusieurs générations. Même si la crise financière nous frappera tous, ce sont les plus pauvres qui en souffriront le plus. Parce que les plus pauvres sont aussi les moins capables de se protéger. Les pays en développement, bien que moins affectés dans l’immédiat par la crise, sont plus vulnérables à la seconde vague de ce que l’on a appelé un «tsunami du crédit centennal».
Le plein impact de la crise commence à être ressenti par la plupart des pays pauvres, et nous pouvons nous attendre à ce qu’au cours des mois à venir, les effets se multiplient. Pour commencer, nous allons apparemment assister à la chute des envois de fonds vers ces pays, qui s’élèvent à quelque 280 milliards de dollars [210 milliards d’euros] par an, car les membres des familles vivant à l’étranger seront plus difficilement en mesure d’envoyer de l’argent dans leur pays d’origine. A ceci, il faut ajouter une moindre demande, des prix à l’exportation en baisse, et une moindre disponibilité de fonds susceptibles d’être empruntés par les Etats et les entreprises.
Alors, qu’est-ce que cela signifie en termes concrets pour les populations pauvres dans le monde ? Il y a déjà des craintes grandissantes que, dans certains cas, les ménages pauvres cessent de scolariser les enfants pour réaliser des économies. Les familles, et surtout les femmes et les filles, mangent moins ou consomment des aliments de moindre qualité, ce qui peut entraîner une malnutrition.
Les perspectives de développement à plus long terme peuvent en être affectées. Les Etats pourront moins facilement financer leurs plans de dépenses dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des infrastructures, telles que les axes routiers et les centrales électriques. Dans le cas de l’Inde, où vit un tiers (plus de 450 millions) des pauvres de la planète, le ralentissement attendu de la croissance économique signifie que jusqu’à 12 millions de personnes qui autrement auraient échappé à la pauvreté, demeureront au-dessous du seuil de 1,25 dollar par jour.
On estime que, dans le monde, jusqu’à 90 millions de personnes supplémentaires pourraient être plongées dans l’extrême pauvreté avant la fin de l’année prochaine.
Il existe déjà une crise humaine réelle et immédiate qui s’est aggravée l’an dernier sous l’effet de la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires. Les pays en développement courent désormais le risque d’être frappés de plein fouet par la seconde vague de la crise financière. Si nous voulons prendre des mesures efficaces pour limiter le coût en termes de souffrance humaine, une réponse planétaire coordonnée est requise d’urgence.
Le sommet de Londres réunira les responsables des principales économies et des institutions économiques internationales pour apporter une réponse à la crise. Il constituera aussi une occasion idéale pour eux de prendre des mesures destinées à protéger les pays les plus pauvres et les populations les plus vulnérables de l’impact de la crise mondiale.
Face à ces événements, nous ne sommes pas impuissants, et nous pouvons prendre un certain nombre de mesures concrètes. Au nombre de celles-ci, la mise en place d’un système de suivi, afin que nous sachions mieux quelles régions, dans quels pays, requièrent l’aide la plus urgente. Il serait également souhaitable que les banques de développement multilatérales traitent les dossiers les plus importants, plus rapidement et mieux, et s’engagent à maintenir les sources de financement existantes.
De plus il est impératif de mettre en place les moyens nécessaires pour aider ceux qui sont en danger, par le biais de crédits leur permettant d’acheter des denrées alimentaires et des médicaments. Il faut encore que le monde développé tienne les engagements qu’il a pris en matière d’aide au cours de ces dernières années, que ces marchés demeurent ouverts, et que l’aide continue à affluer dans les pays en voie de développement. Plus important encore, il faut agir maintenant.
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NOTA: Le Département britannique pour le développement international (DFID) travaille à un nouveau livre blanc qui sera publié en juillet. Participez en faisant entendre votre voix en ligne, même si vous ne vivez pas au Royaume-Uni: http://www.londonsummit.gov.uk/ en/join-the-debate/
Fuente: Bitácora Almendrón. Tribuna Libre © Miguel Moliné Escalona
Au cours de la décennie écoulée, des progrès considérables ont été réalisés en termes de développement, entraînant de réels avantages pour des millions d’individus parmi les plus pauvres de la planète. Mais ces avancées risquent d’être remises en cause, au moins partiellement, en raison de la menace que fait peser sur elles la crise économique mondiale la plus grave depuis plusieurs générations. Même si la crise financière nous frappera tous, ce sont les plus pauvres qui en souffriront le plus. Parce que les plus pauvres sont aussi les moins capables de se protéger. Les pays en développement, bien que moins affectés dans l’immédiat par la crise, sont plus vulnérables à la seconde vague de ce que l’on a appelé un «tsunami du crédit centennal».
Le plein impact de la crise commence à être ressenti par la plupart des pays pauvres, et nous pouvons nous attendre à ce qu’au cours des mois à venir, les effets se multiplient. Pour commencer, nous allons apparemment assister à la chute des envois de fonds vers ces pays, qui s’élèvent à quelque 280 milliards de dollars [210 milliards d’euros] par an, car les membres des familles vivant à l’étranger seront plus difficilement en mesure d’envoyer de l’argent dans leur pays d’origine. A ceci, il faut ajouter une moindre demande, des prix à l’exportation en baisse, et une moindre disponibilité de fonds susceptibles d’être empruntés par les Etats et les entreprises.
Alors, qu’est-ce que cela signifie en termes concrets pour les populations pauvres dans le monde ? Il y a déjà des craintes grandissantes que, dans certains cas, les ménages pauvres cessent de scolariser les enfants pour réaliser des économies. Les familles, et surtout les femmes et les filles, mangent moins ou consomment des aliments de moindre qualité, ce qui peut entraîner une malnutrition.
Les perspectives de développement à plus long terme peuvent en être affectées. Les Etats pourront moins facilement financer leurs plans de dépenses dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des infrastructures, telles que les axes routiers et les centrales électriques. Dans le cas de l’Inde, où vit un tiers (plus de 450 millions) des pauvres de la planète, le ralentissement attendu de la croissance économique signifie que jusqu’à 12 millions de personnes qui autrement auraient échappé à la pauvreté, demeureront au-dessous du seuil de 1,25 dollar par jour.
On estime que, dans le monde, jusqu’à 90 millions de personnes supplémentaires pourraient être plongées dans l’extrême pauvreté avant la fin de l’année prochaine.
Il existe déjà une crise humaine réelle et immédiate qui s’est aggravée l’an dernier sous l’effet de la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires. Les pays en développement courent désormais le risque d’être frappés de plein fouet par la seconde vague de la crise financière. Si nous voulons prendre des mesures efficaces pour limiter le coût en termes de souffrance humaine, une réponse planétaire coordonnée est requise d’urgence.
Le sommet de Londres réunira les responsables des principales économies et des institutions économiques internationales pour apporter une réponse à la crise. Il constituera aussi une occasion idéale pour eux de prendre des mesures destinées à protéger les pays les plus pauvres et les populations les plus vulnérables de l’impact de la crise mondiale.
Face à ces événements, nous ne sommes pas impuissants, et nous pouvons prendre un certain nombre de mesures concrètes. Au nombre de celles-ci, la mise en place d’un système de suivi, afin que nous sachions mieux quelles régions, dans quels pays, requièrent l’aide la plus urgente. Il serait également souhaitable que les banques de développement multilatérales traitent les dossiers les plus importants, plus rapidement et mieux, et s’engagent à maintenir les sources de financement existantes.
De plus il est impératif de mettre en place les moyens nécessaires pour aider ceux qui sont en danger, par le biais de crédits leur permettant d’acheter des denrées alimentaires et des médicaments. Il faut encore que le monde développé tienne les engagements qu’il a pris en matière d’aide au cours de ces dernières années, que ces marchés demeurent ouverts, et que l’aide continue à affluer dans les pays en voie de développement. Plus important encore, il faut agir maintenant.
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NOTA: Le Département britannique pour le développement international (DFID) travaille à un nouveau livre blanc qui sera publié en juillet. Participez en faisant entendre votre voix en ligne, même si vous ne vivez pas au Royaume-Uni: http://www.londonsummit.gov.uk/ en/join-the-debate/
Fuente: Bitácora Almendrón. Tribuna Libre © Miguel Moliné Escalona
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