Por José Manuel Durão Barroso, président de la Commission européenne (LE MONDE, 02/04/09):
A Londres, le sommet du G20 offre une occasion majeure d’obtenir des résultats qui contribuent à mettre fin à la crise économique et financière, et à en prévenir d’autres demain. Je suis convaincu que nous y parviendrons, pour préserver et recréer des emplois et pour renouer avec la prospérité, en Europe comme dans le reste du monde.
Nous vivons la première grande crise de l’ère de la mondialisation. Certains l’imputent à la mondialisation elle-même et voient la solution dans une “démondialisation”. Pour autant que ce soit plausible, ce serait une grave erreur. La sortie de crise ne passera pas par la “démondialisation”. Le protectionnisme et le nationalisme économique sont des tentations trompeuses, qui sèment la pauvreté et les conflits, comme nous l’avons vu dans les années 1930. C’est bien en refondant la mondialisation que nous sortirons de la crise.
Il faut mettre en place un ensemble de règles à l’échelle mondiale qui nous permettent de maîtriser la mondialisation. Nous ne pourrons mettre tous les avantages potentiels des marchés au service des citoyens et faire face aux défis planétaires du changement climatique, de la sécurité énergétique et de la lutte contre la pauvreté que par une coopération internationale.
Ces règles à mettre en place doivent reposer sur des valeurs et sur des principes éthiques. Elles doivent concilier liberté, responsabilité et solidarité. Elles doivent garantir que les marchés récompensent le travail et l’initiative, et non la simple spéculation. L’Union européenne est bien placée pour jouer un rôle moteur dans une mondialisation fondée sur des valeurs et des règles bien précises. Aucune autre région du monde n’a autant d’expérience qu’elle d’accords conclus sur des règles transnationales et de leur mise en oeuvre efficace. Nos atouts communs ont été précieux dans les efforts de stabilisation que nous avons déployés depuis le début de la crise. Ils constituent le meilleur tremplin possible de notre redressement.
Les pays européens se sont mis d’accord pour porter un message commun à Londres. Nous avons pris des décisions communes rapides et déterminantes. Nous avons proposé un train de mesures de relance économique de grande ampleur, puisque la somme des efforts déployés à l’échelon des Etats membres et au niveau communautaire se chiffre à plus de 400 milliards d’euros. Nous avons en outre coordonné notre action pour stabiliser nos banques, soutenu les Etats membres qui en avaient besoin, à savoir la Lettonie, la Hongrie et la Roumanie, et conçu un plan complet pour rendre les marchés financiers plus efficaces et plus sûrs, qu’il s’agisse des exigences imposées aux banques en matière de fonds propres, de l’amélioration de la garantie des dépôts, du renforcement de la réglementation des agences de notation. Nous avons aussi suggéré d’améliorer la surveillance transfrontalière des grandes entreprises financières, de mettre en place un nouvel organisme chargé de surveiller l’augmentation générale des risques dans le système financier et d’agir à titre préventif.
En outre, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE sont déjà convenus, au Conseil européen en mars, de soutenir une augmentation importante des ressources du Fonds monétaire international (FMI) allouées à la lutte contre la crise et d’y contribuer à hauteur de 75 milliards d’euros. Cette mesure fait suite au doublement à 50 milliards d’euros du plafond de l’aide intracommunautaire que nous accordons aux pays qui ne font pas partie de la zone euro pour soutenir leur balance des paiements.
Nous continuerons à donner l’exemple. Nous engagerons nos partenaires internationaux à nous rejoindre et nous mettrons tout en oeuvre pour parvenir à un accord sur quatre enjeux majeurs.
Premièrement, s’accorder sur une stimulation forte, durable et coordonnée de l’économie afin d’atténuer les effets de la crise pour nos concitoyens et de relancer l’économie réelle.
Deuxièmement, rétablir la confiance dans le système financier, non pas par égard pour les banques, mais pour le bien des entrepreneurs et des travailleurs qui, dans l’économie réelle, ont besoin de crédits. Nous devons agir pour que les banques recommencent à prêter, comme nous avons décidé de le faire en Europe et comme les Etats-Unis le font eux-mêmes.
Cela suppose de mettre fin aux incertitudes sur l’ampleur des pertes encourues par ces établissements, en supprimant les actifs dépréciés (dits “toxiques”) de leurs bilans. Nous devons aussi renforcer la surveillance à l’échelle mondiale et combler les lacunes y compris en mettant fin aux paradis fiscaux. C’est pourquoi il faut une réforme complète des institutions financières internationales.
Troisième enjeu essentiel : dénoncer toutes les formes de protectionnisme et plaider pour une ouverture accrue des échanges en faisant avancer les négociations de Doha.Quatrième et dernier élément : oeuvrer pour un monde plus juste, en renforçant notre engagement en faveur des pays en développement et d’une transformation du FMI en une institution plus représentative. Les pays en développement ne doivent en aucun cas payer pour une crise née dans les pays industrialisés. Ils ont donc besoin d’une aide supplémentaire. L’UE propose notamment la mise en place d’un instrument mondial pour les financements commerciaux. Nous avons aussi besoin de la contribution des pays en développement pour faire face aux défis planétaires comme le changement climatique. Dans ce domaine, nous voulons aboutir à un accord mondial à la conférence de Copenhague à la fin de l’année.
Il y a déjà une large convergence de vues à l’échelle mondiale, en particulier entre l’Union et les Etats-Unis. Je fais d’ailleurs observer qu’elle s’est formée autour des idées et du modèle économique européens. Le plan de relance américain, par exemple, met en avant des mesures pour améliorer les soins de santé et protéger les plus vulnérables, de même que des investissements à plus long terme, notamment dans les infrastructures. Or ce sont des mesures qui ont déjà été adoptées dans la plus grande partie de l’UE. Comme nous disposons de ces “stabilisateurs automatiques” dans l’Union, toute comparaison entre nos dépenses et celles des Etats-Unis est trompeuse. C’est pourquoi l’ampleur de nos stimulations économiques respectives est plus proche que ce que l’on pourrait croire à première vue. Une même tendance à la convergence se retrouve sur les questions de réglementation.
A l’aube de cette réunion du G20, un consensus se dégage donc sur de nombreux points. Le défi consistera à le transformer en mesures concrètes pour remédier aux problèmes. L’Europe est prête à relever ce défi, et nous ne doutons pas qu’il en sera de même pour nos partenaires. Je veux que nos concitoyens sachent que leurs préoccupations seront au centre de nos discussions et des décisions que nous prendrons. Je sais qu’ils sont nombreux à avoir des craintes pour leur emploi, leur emprunt immobilier ou leurs économies. Ma principale préoccupation est de veiller à ce que toutes les mesures que nous prenons soutiennent l’emploi. C’est en transformant nos bonnes intentions en actions communes, à Londres, que nous répondrons aux attentes légitimes de nos populations.
Fuente: Bitácora Almendrón. Tribuna Libre © Miguel Moliné Escalona
A Londres, le sommet du G20 offre une occasion majeure d’obtenir des résultats qui contribuent à mettre fin à la crise économique et financière, et à en prévenir d’autres demain. Je suis convaincu que nous y parviendrons, pour préserver et recréer des emplois et pour renouer avec la prospérité, en Europe comme dans le reste du monde.
Nous vivons la première grande crise de l’ère de la mondialisation. Certains l’imputent à la mondialisation elle-même et voient la solution dans une “démondialisation”. Pour autant que ce soit plausible, ce serait une grave erreur. La sortie de crise ne passera pas par la “démondialisation”. Le protectionnisme et le nationalisme économique sont des tentations trompeuses, qui sèment la pauvreté et les conflits, comme nous l’avons vu dans les années 1930. C’est bien en refondant la mondialisation que nous sortirons de la crise.
Il faut mettre en place un ensemble de règles à l’échelle mondiale qui nous permettent de maîtriser la mondialisation. Nous ne pourrons mettre tous les avantages potentiels des marchés au service des citoyens et faire face aux défis planétaires du changement climatique, de la sécurité énergétique et de la lutte contre la pauvreté que par une coopération internationale.
Ces règles à mettre en place doivent reposer sur des valeurs et sur des principes éthiques. Elles doivent concilier liberté, responsabilité et solidarité. Elles doivent garantir que les marchés récompensent le travail et l’initiative, et non la simple spéculation. L’Union européenne est bien placée pour jouer un rôle moteur dans une mondialisation fondée sur des valeurs et des règles bien précises. Aucune autre région du monde n’a autant d’expérience qu’elle d’accords conclus sur des règles transnationales et de leur mise en oeuvre efficace. Nos atouts communs ont été précieux dans les efforts de stabilisation que nous avons déployés depuis le début de la crise. Ils constituent le meilleur tremplin possible de notre redressement.
Les pays européens se sont mis d’accord pour porter un message commun à Londres. Nous avons pris des décisions communes rapides et déterminantes. Nous avons proposé un train de mesures de relance économique de grande ampleur, puisque la somme des efforts déployés à l’échelon des Etats membres et au niveau communautaire se chiffre à plus de 400 milliards d’euros. Nous avons en outre coordonné notre action pour stabiliser nos banques, soutenu les Etats membres qui en avaient besoin, à savoir la Lettonie, la Hongrie et la Roumanie, et conçu un plan complet pour rendre les marchés financiers plus efficaces et plus sûrs, qu’il s’agisse des exigences imposées aux banques en matière de fonds propres, de l’amélioration de la garantie des dépôts, du renforcement de la réglementation des agences de notation. Nous avons aussi suggéré d’améliorer la surveillance transfrontalière des grandes entreprises financières, de mettre en place un nouvel organisme chargé de surveiller l’augmentation générale des risques dans le système financier et d’agir à titre préventif.
En outre, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE sont déjà convenus, au Conseil européen en mars, de soutenir une augmentation importante des ressources du Fonds monétaire international (FMI) allouées à la lutte contre la crise et d’y contribuer à hauteur de 75 milliards d’euros. Cette mesure fait suite au doublement à 50 milliards d’euros du plafond de l’aide intracommunautaire que nous accordons aux pays qui ne font pas partie de la zone euro pour soutenir leur balance des paiements.
Nous continuerons à donner l’exemple. Nous engagerons nos partenaires internationaux à nous rejoindre et nous mettrons tout en oeuvre pour parvenir à un accord sur quatre enjeux majeurs.
Premièrement, s’accorder sur une stimulation forte, durable et coordonnée de l’économie afin d’atténuer les effets de la crise pour nos concitoyens et de relancer l’économie réelle.
Deuxièmement, rétablir la confiance dans le système financier, non pas par égard pour les banques, mais pour le bien des entrepreneurs et des travailleurs qui, dans l’économie réelle, ont besoin de crédits. Nous devons agir pour que les banques recommencent à prêter, comme nous avons décidé de le faire en Europe et comme les Etats-Unis le font eux-mêmes.
Cela suppose de mettre fin aux incertitudes sur l’ampleur des pertes encourues par ces établissements, en supprimant les actifs dépréciés (dits “toxiques”) de leurs bilans. Nous devons aussi renforcer la surveillance à l’échelle mondiale et combler les lacunes y compris en mettant fin aux paradis fiscaux. C’est pourquoi il faut une réforme complète des institutions financières internationales.
Troisième enjeu essentiel : dénoncer toutes les formes de protectionnisme et plaider pour une ouverture accrue des échanges en faisant avancer les négociations de Doha.Quatrième et dernier élément : oeuvrer pour un monde plus juste, en renforçant notre engagement en faveur des pays en développement et d’une transformation du FMI en une institution plus représentative. Les pays en développement ne doivent en aucun cas payer pour une crise née dans les pays industrialisés. Ils ont donc besoin d’une aide supplémentaire. L’UE propose notamment la mise en place d’un instrument mondial pour les financements commerciaux. Nous avons aussi besoin de la contribution des pays en développement pour faire face aux défis planétaires comme le changement climatique. Dans ce domaine, nous voulons aboutir à un accord mondial à la conférence de Copenhague à la fin de l’année.
Il y a déjà une large convergence de vues à l’échelle mondiale, en particulier entre l’Union et les Etats-Unis. Je fais d’ailleurs observer qu’elle s’est formée autour des idées et du modèle économique européens. Le plan de relance américain, par exemple, met en avant des mesures pour améliorer les soins de santé et protéger les plus vulnérables, de même que des investissements à plus long terme, notamment dans les infrastructures. Or ce sont des mesures qui ont déjà été adoptées dans la plus grande partie de l’UE. Comme nous disposons de ces “stabilisateurs automatiques” dans l’Union, toute comparaison entre nos dépenses et celles des Etats-Unis est trompeuse. C’est pourquoi l’ampleur de nos stimulations économiques respectives est plus proche que ce que l’on pourrait croire à première vue. Une même tendance à la convergence se retrouve sur les questions de réglementation.
A l’aube de cette réunion du G20, un consensus se dégage donc sur de nombreux points. Le défi consistera à le transformer en mesures concrètes pour remédier aux problèmes. L’Europe est prête à relever ce défi, et nous ne doutons pas qu’il en sera de même pour nos partenaires. Je veux que nos concitoyens sachent que leurs préoccupations seront au centre de nos discussions et des décisions que nous prendrons. Je sais qu’ils sont nombreux à avoir des craintes pour leur emploi, leur emprunt immobilier ou leurs économies. Ma principale préoccupation est de veiller à ce que toutes les mesures que nous prenons soutiennent l’emploi. C’est en transformant nos bonnes intentions en actions communes, à Londres, que nous répondrons aux attentes légitimes de nos populations.
Fuente: Bitácora Almendrón. Tribuna Libre © Miguel Moliné Escalona
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