lunes, marzo 28, 2011

Quelles leçons tirer de l’accident de Fukushima ?

Por Didier Kechemair, consultant indépendant (LE MONDE, 25/03/11):

Le nombre des victimes des catastrophes naturelles du 11 mars au Japon dépassera 20 000 morts ou disparus. C’est un drame humain, avant tout. Sur les quatre centrales nucléaires affectées, onze réacteurs ont été automatiquement arrêtés, un risque d’explosion du type Tchernobyl était dès lors évité. Tous les bâtiments ont résisté. A Fukushima-Dai-Ichi, l’enchaînement des événements a conduit à un accident grave, de niveau 6 sur l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires). Il semble que la situation soit stabilisée grâce au travail et au courage physique des ingénieurs, techniciens, pompiers sur place.

Lorsque la situation de crise sera dépassée, ce qui n’est pas le cas, le retour d’expérience sera un élément majeur pour fournir des données factuelles.

La nature des moyens qui ont permis de maîtriser la situation (camions de pompiers, hélicoptères militaires, pompe à béton) montre que la sécurité des infrastructures critiques doit bien relever du niveau des Etats. Le rôle des exercices de crise en vraie grandeur, impliquant la population, se verra sans doute renforcé.

Pour le parc en exploitation, des revues de sûreté ont été demandées après le 11 mars dans plusieurs pays, dont la France. De telles revues sont conduites par EDF après une canicule ou une tempête. La standardisation du parc permet de valoriser les enseignements tirés. Le dialogue entre les autorités de sûreté nationales et les exploitants pour la prolongation des licences tiendra également compte de l’accident : Fukushima 1, réacteur à eau bouillante mis en service en mars 1971 (modèle de General Electric) venait de recevoir sa prolongation de licence pour dix ans. Pour les nouvelles constructions, l’accident du Japon aura un impact sur les coûts du génie civil. Faudra-t-il par exemple s’éloigner du bord de mer malgré la longueur des canalisations à creuser ?

En France, scientifiques, responsables publics et industriels se sont mobilisés dans les médias ; les sites Internet institutionnels et indépendants ont fourni des bulletins réguliers d’information en fonction des données communiquées par les responsables japonais. Cette gestion de la communication constitue en soi un enseignement.

MUTUALISER

L’accident de Fukushima souligne par ailleurs la nécessité de renforcer la coopération internationale.

Des programmes de R&D concernant la sûreté pourront être plus ouverts encore à l’international : résistance aux séismes sur des installations comme Tamaris (European Facility for Advanced Seismic Testing) ; comportement des matériaux de cœur fondu (corium) et leur interaction avec les bétons, étudiés avec l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) sur les installations du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Il serait aussi possible de mutualiser des moyens d’intervention entre pays à une échelle régionale à l’image du Groupe d’intervention robotique sur accidents (INTRA) en France. L’envoi de ces robots conçus pour résister aux radiations a été proposé aux autorités japonaises.

Les échanges entre autorités de sûreté nationales seront à renforcer, ce qui exigera des moyens. Le Multinational Design Evaluation Program (MDEP) vise déjà à mutualiser leurs ressources pour l’évaluation de nouveaux réacteurs.

La croissance de la demande énergétique mondiale est un fait ; 1,6 milliards d’habitants n’ont pas accès à l’électricité. A côté d’efforts accrus pour les économies d’énergie et les énergies renouvelables, le nucléaire apporte 16 % de la production d’électricité mondiale quasiment sans émissions de gaz à effet de serre. Plus de 60 pays ont exprimé à l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) leur intérêt pour le nucléaire. Développer le nucléaire civil représente une opportunité et une responsabilité. Les événements de Fukushima-Dai-Ichi le confirment : la sûreté doit être la priorité absolue.

Avec humilité, admettons que le risque zéro n’existe pas, que le nucléaire n’est en aucun cas la seule option, ni une option pertinente partout. Dans ce domaine, aller trop vite trop loin serait sans nul doute irresponsable. La confiance, la culture de sûreté et de progrès continu, nécessaires pour que le nucléaire trouve sa place dans un “mix énergétique” mondial durable, se construiront dans la clarté et la durée. Nul dogme dans cette conviction. La science et les technologies ouvrent aujourd’hui des débats “incertains” : biologie, climat, énergies. Acceptons-les, gardons confiance en notre capacité d’apprendre et dans celle des générations futures.

Fuente: Bitácora Almendrón. Tribuna Libre © Miguel Moliné Escalona

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