sábado, marzo 26, 2011

Service européen pour l’action extérieure

Préjugés, défis et potentiels: une analyse sans idées préconçues du Service européen pour l’action extérieure. Par Elmar Brok, député européen allemand, Groupe du Parti Populaire Européen, Démocrates-Chrétiens (LE MONDE, 22/03/11):

L’Union européenne a une chance historique à portée de main : la chance de créer une politique étrangère cohérente. Cette politique doit être mise en œuvre par un instrument commun, le nouveau Service européen des affaires étrangères (SEAE), représenté par la Haute représentante (HR), qui est également vice-présidente de la Commission (VP) et présidente du Conseil des ministres “Affaires étrangères”.

Malheureusement, les chances et les perspectives apportées par le SEAE, qui a commencé son travail voilà à peine quatre mois, sont souvent masquées par nombre de préjugés dans le débat public. Le SEAE est souvent condamné sans réflexion: nouveau “mammouth” rempli de fonctionnaires, il serait une “supra-autorité” qui engloutirait l’argent des contribuables. “Trop cher, trop peu démocratique… et pour quoi faire?”, voilà la teneur des débats. Ces préjugés trouvent leur origine dans une certaine mentalité eurosceptique, qui s’oppose à toutes les nouvelles évolutions, mais aussi dans l’ignorance et une mauvaise communication. Ils résultent également pour partie d’une vision unilatérale. Si l’on observe le SEAE uniquement par la lorgnette du budget, c’est vrai: il n’est pas neutre pour le budget de l’Union. Toutefois, en comparaison avec les services nationaux des affaires étrangères et au vu de son efficacité et de la réduction des redondances qu’il permettra d’effectuer, personne ne saurait prétendre sérieusement que ces dépenses sont inadéquates. Surtout, le SEAE ne peut pas être sorti de son contexte pour être observé sous un seul de ses aspects : cela fausse la vue d’ensemble. Il faut plutôt l’envisager dans son ensemble, en gardant à l’esprit son potentiel.

En effet, ces préjugés et raccourcis sont dangereux, car, par une sorte de cercle vicieux “circulus vitiosus”, ils réduisent les chances de réussite du SEAE, un organe opportun et même nécessaire. Le plus grand danger pour le SEAE, c’est qu’il ne soit pas accepté. Ces préjugés représentent donc un obstacle majeur à l’acceptation du SEAE parmi la population et à la volonté des élites politiques des Etats membres de l’utiliser et de le faire vivre.

Pour cette raison, il est d’autant plus important de jeter un regard objectif, critique et plurilatéral sur le SEAE. Il n’est pas besoin de maquiller ses problèmes et ses défis, mais il faut souligner son potentiel et sa raison d’être. Les citoyens européens doivent pouvoir s’en faire une image sans idée préconçue, en comprendre l’utilité et le sens. Ils doivent saisir qu’il ne s’agit pas d’un 28e ministère des Affaires étrangères (encore une idée préconçue !). L’idée du SEAE, c’est bien de créer une plus-value européenne.

DE L’UTILITÉ ET DES POTENTIELS DU SEAE

Avec le traité de Lisbonne, l’Union européenne a réformé en profondeur sa politique étrangère. La création du SEAE doit également être regardée sous cet angle. Le SEAE est né de trois nouveautés introduites par le traité de Lisbonne: la désignation d’un président permanent du Conseil européen, qui représente l’Union européenne à l’étranger, comme un chef d’État ou de gouvernement, la nomination par le Conseil européen, avec l’accord du président de la Commission, également directeur de la PESC, de la Haute représentante pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union et la reconnaissance écrite de la personnalité juridique de l’Union, qui l’habilite totalement à prendre des décisions sur le plan international.

Le Parlement européen (PE) appelait déjà en 2000 à la création d’un service diplomatique commun, qui répond au rôle international de l’Union et renforce sa visibilité et sa capacité d’action sur la scène internationale. Les raisons de cette réforme de la politique extérieure européenne et l’introduction du SEAE en particulier ne sont pas obscures, contrairement à ce que d’aucuns prétendent. Le SEAE n’est pas un "jouet" élaboré par les fonctionnaires européens ou les élites politiques, au contraire : dès la Convention sur l’avenir de l’Europe et la Conférence intergouvernementale pour le Traité de Lisbonne, on savait très précisément ce que le SEAE devrait et pourrait faire.

La création du SEAE vient premièrement du fait que, durant les dernières années, l’UE a vu régulièrement qu’elle montrait encore de nombreuses incohérences en matière de politique étrangère. Celles-ci se produisaient d’abord sur le plan horizontal de la coopération entre les différentes institutions et politiques. En effet, les affaires extérieures de l’UE sont partagées entre la PESC/PESD intergouvernementale d’un côté, et les politiques communes de l’autre, comme la politique européenne de voisinage, la politique de développement et la politique commerciale extérieure. Ces deux politiques étaient développées sans concertation entre les institutions. Conséquemment, elles n’étaient pas assez coordonnées, ce qui a pu mener à des contradictions et des divergences. Par exemple, il pouvait arriver qu’une négociation commerciale ait lieu entre le Commissaire au commerce et un pays tiers, pendant que le Haut Représentant et le Conseil des ministres “Affaires étrangères” critiquaient le viol des droits de l’Homme dans ce même pays.

Par ailleurs, les incohérences pouvaient se produire de manière verticale entre la politique étrangère de l’UE et les politiques étrangères nationales. Ainsi, les États membres ne parvenaient souvent pas à trouver une position commune et agissaient isolément plutôt qu’ensemble. Il est arrivé que l’ancien Haut Représentant Javier Solana, le président du Conseil, la Commissaire aux affaires extérieures, le président français et la chancelière allemande s’expriment sur un même sujet de manière contradictoire. Conséquence: l’UE et ses États membres restaient sans influence. L’exemple le plus flagrant en est la guerre en Irak. Gerhard Schröder était contre, Tony Blair pour: finalement, les deux sont restés impuissants face aux États-Unis.

Lire l’intégralité de la note sur le site de la Fondation Robert-Schuman

Fuente: Bitácora Almendrón. Tribuna Libre © Miguel Moliné Escalona

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